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Symptômes et traitement de l’émétophobie

Chaque personne vit la situation à sa propre façon, et les symptômes de la peur de vomir peuvent varier selon votre propre vécu. En revanche, nous pouvons retrouver des similitudes dans chaque cas. 

Quels sont les symptômes d’anxiété liés à la peur de vomir ?

Dans un premier temps, il est constaté que chaque signes gastro-intestinaux (bruits, mouvement etc.) est perçu comme un danger et risque de faire apparaître une crise d’angoisse. Ces sensations peuvent être physiques ou psychologiques. 

Sensations physiques

Dès lors, l’attaque de panique peut provoquer une accélération du rythme cardiaque, des difficultés respiratoires (hyperventilation ou hypoventilation), des fourmillements, des tensions musculaires, des vertiges, des douleurs à la poitrine, des tremblements, des sueurs, une diminution de la température cardiaque, sensations d’oppressions, frissons, et des nausées.

Ces nausées renforcent la difficulté et l’anxiété liées à la situation. En effet, la crainte de vomir est déjà présente, et génère, en elle-même, des nausées. Vous entrez donc dans un cercle vicieux où l’angoisse de la situation vous renforce des symptômes de la situation.

Sensation psychologiques

Il est possible que certaines de vos sensations physiques amènent chez vous des sensations ressenties psychologiques ou pensées liées à vos ressentis.

En effet, vous pouvez ressentir par exemple, une sensation d’étouffement voire d’étranglement qui vous inquiète. Vous avez aussi, parfois la sensation que vous n’êtes plus vous-mêmes, que vous êtes spectateur de votre vie, que vous ne contrôlez plus rien. Vous avez la sensation que la situation vous échappe complètement et que vous ne gérez plus, ni votre corps, ni vos pensées, ni vos idées.Cela vous procure alors une sensation d’irréalité de la situation jusqu’à parfois avoir la sensation de devenir fou.

Pour finir, vous avez cette sensation si forte de ne plus rien gérer que ça peut aller jusqu’à la sensation de mourir.

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Quelles sont les conséquences de l’émétophobie sur le quotidien ?

La peur du vomi est présente tout autour de vous. Cela a donc inévitablement des conséquences, à plus ou moins long terme, avec plus ou moins d’intensité, dans votre quotidien.

Eviter les sorties 

Sortir de chez soi, c’est risquer de rencontrer des personnes qui rentrent de soirée, de croiser une personne malade qui peut vous contaminer (d’une gastro par exemple). Vous limitez donc vos activités, afin de ne pas être régulièrement en compagnie d’autres personnes. Pour résumer, vous évitez toutes les endroits où il risque d’y avoir du monde où vous pourriez éventuellement vomir ou voir quelqu’un vomir. Cela implique donc un risque de déscolarisation ou de déprofessionnalisation

 

Mettre des distances face à toutes les situations pouvant être « dangereuses »

L’anxiété est si importante face aux nausées que toutes les situations pouvant possiblement générer des nausées sont évitées : transports, endroits avec des odeurs désagréables, et pour les femmes jusqu’à éviter de tomber enceinte de peur d’avoir des nausées ou de voir son bébé vomir une fois qu’il sera né. 

Isolement social

Alors que vous craignez de nombreuses situations, vous n’osez donc plus participer à certaines activités proposées par votre entourage ou pas vos collègues. Déjà, parce que vous craignez de faire des crises d’angoisses auprès de ces personnes. Ensuite, parce que vous n’osez pas en parler autour de vous. Vous avez peur que cela se sache, que l’on vous juge, qu’on ne vous comprenne pas. Vous préférez donc décliner les propositions, éviter les situations et rester dans des lieux où vous vous sentez en sécurité. Mais, au fur et à mesure, vous vous rendez compte que vous perdez certains amis, que vos proches vous proposent moins d’activités, et vous vous sentez de plus en plus seul(e).

Craintes constantes

Aujourd’hui, vous redoutez alors beaucoup de situations. Que ce soit à l’extérieur, à l’intérieur, ou encore propre à vous. Effectivement, vous en arrivez même jusqu’à avoir peur de votre propre corps. Vous ne lui faites pas toujours confiance, craignez une défaillance de celui-ci. Vous avez peur qu’à tout moment il rejette de l’alimentation ingurgitée, qu’il tombe malade, qu’il ne résiste pas assez à des boissons alcoolisées…Cette crainte vous limite grandement dans vos activités mais également dans vos espoirs de rétablissement. Ces angoisses et toutes les conséquences que cela impacte peuvent vous amener à avoir des idées négatives voire noires, et tendent vers une déprime ou jusqu’à des pensées suicidaires.

Conséquences professionnelles ou scolaires

Alors que l’émétophobie touche toutes les sphères de la vie, elle impacte nécessairement votre emploi ou votre scolarité. En effet, être sur un lieu de travail vous fait prendre le risque qu’une personne soit malade devant vous ou qu’elle vous transmette sa maladie. Cela implique aussi de devoir manger à la cantine ou au self alors que vous ne connaissez pas la provenance des aliments. Il est aussi possible que les toilettes de l’établissement ne soient pas parfaitement propres et vous rendent malade. Votre alimentation est impactée, votre corps se modifie, vous avez peur du jugement de l’autre et préférez aussi les éviter à tout prix.

Quelles autres pathologies peuvent être liées à l’émétophobie?

L’émétophobie est souvent associée à quatre phobies : l’agoraphobie, le trouble anxieux, l’hypocondrie ou encore la phobie sociale. Il est vrai que pendant longtemps, l’émétophobie n’était considérée “que” comme une comorbidité liée à ces angoisses. Mais, petit à petit, les chercheurs se sont rendus compte que c’était une angoisse à part entière et que les autres phobies associées sont la conséquence de cette souffrance face au vomi. 

Agoraphobie 

En effet, puisque vous évitez toutes les situations où les personnes ou vous-mêmes risquez de vomir, vous évitez donc beaucoup de lieux publics et créez des angoisses dans de nombreuses situations assimilées. Vous évitez d’être dans les endroits où il y a une foule, parce que cela augmente les risques de croiser une personne malade. Vous évitez les espaces vides, parce que vous ne savez pas comment vous sortir de cette situation et aller dans un lieu qui vous rassure. Vous détestez les lieux trop clos, puisque vous vous sentez coincés face à des situations qui génèrent des malaises.

Phobie sociale

De la même manière que l’agoraphobie, les situations sociales vous angoissent. Vous vous inquiétez de toutes les situations qui pourraient vous amener à voir du vomi ou à vomir vous-mêmes. Vous évitez donc les gens, car ils sont “dangereux” et à risque pour vous. Vous craignez aussi qu’ils remarquent votre angoisse. Vous ne voulez pas faire une attaque de panique devant les autres. Vous préférez donc éviter tous les lieux où des personnes risquent d’être présents.

Troubles du comportement alimentaire

Au-delà des phobies, des troubles du comportement alimentaire peuvent accompagner cette phobie. Effectivement, vous avez tendance à contrôler tous les aliments que vous mangez. Dans un premier temps, vous évitez de manger à l’extérieur, car vous n’avez pas assez de connaissances sur ce que vous risquez de manger. Puis, vous faites vous-mêmes vos plats en étant sûr(e) de ne pas mettre des aliments trop lourds et en vérifiant bien les dates de péremption. Dans l’idéal, vous essayez de manger des plats congelés afin d’optimiser le fait que les bactéries soient mortes. Enfin, vous ne mangez presque plus, voire plus du tout, car vous avez beaucoup trop peur de manger quelque chose qui risque de vous faire vomir. Dès lors, vous faites particulièrement attention à votre alimentation sous toutes ses formes, que ce soit dans la préparation, dans sa conservation ou dans sa dégustation. Tout cela est une grande source d’anxiété pour vous.

Hypocondrie

De même, votre anxiété peut également engendrer une hypocondrie. En effet, vous avez tellement peur de tomber malade et de risquer de vomir. Vous avez donc des idées obsédantes face à l’hygiène, voire vous avez des rituels sanitaires qui vont vous faire vous sentir plus en sécurité.

Quelques astuces pour gérer son émétophobie

Ne pas avoir peur d’en parler

Il n’est pas toujours facile de parler de votre émétophobie. Déjà, parce que c’est une peur qui est encore trop peu connue, et dont les personnes parlent peu. Autour de vous, il est possible que vous ne connaissez personne qui a cette même angoisse et donc vous avez du mal à vous exprimer sur ce sujet.

Il est également possible que vous ayez peur du jugement de l’autre. Votre entourage minimise votre angoisse, le comparant au dégoût que eux, peuvent ressentir lorsqu’ils voient du vomi. Vous vous sentez donc peu compris, peu accompagné, et seul(e) face à votre angoisse.

De plus, vous ne savez peut-être pas vers qui vous tourner. Si vous ne vous sentez pas compris ou que vous n’osez pas en parler à votre entourage, vous pouvez en parler à votre médecin ou prendre rendez-vous avec un psychologue ou un psychiatre. Parlez-en à des professionnels de santé qui sauront vous rediriger, au besoin, vers d’autres professionnels de santé, plus compétents pour traiter votre angoisse. Il est possible que vous vous adressiez à un professionnel qui ait peu de connaissances sur le sujet ou qui ne s’y intéresse pas, et qu’il n’ait pas assez de bienveillance pour vous rassurer là-dessus. Si vous n’avez pas de réponse claire et rassurante, n’hésitez pas à en parler à un autre.

Il est aussi possible que vous n’en parlez pas car vous avez peur d’être confronté à des questions telles que “Qu’est ce qui te fait peur là dedans ?” ou encore “Pourquoi tu en as peur ?”. Vous ne savez pas nécessairement décrire ce qui vous angoisse ou n’avez pas la réponse. Vous avez peur de quelque chose qui est difficilement descriptible par vous-mêmes et vous avez peur que l’on vous décrédibilise face à votre anxiété.

 

Prendre le temps de comprendre son anxiété 

Ne laissez pas l’angoisse vous envahir sans la comprendre. Essayez de vous poser la question : qu’est ce qui m’angoisse là ? Est-ce la peur d’avoir peur ? Est-ce l’angoisse de ne plus vous maîtriser ? Est-ce que cette angoisse peut être liée à un événement dont vous avez conscience ? Quand est-ce que votre anxiété commence à apparaître ? Quels sont les éléments qui sont les plus angoissants ? 

Le fait de vous questionner sur tous ces éléments et sur votre anxiété va vous permettre de rationnaliser en comprenant point par point comment cela se manifeste.

 

Gérer son attaque de panique

Lorsque vous sentez l’attaque de panique vous submerger, prenez le temps de respirer, lentement, amplement. Respirez calmement par le nez, puis expirez par la bouche. N’ayez pas peur des émotions que vous pouvez vivre, et prenez le temps d’essayer de voir ce qu’il se passe dans votre corps et en vous. Tout ce que vous pouvez ressentir physiquement.

Pensez à un moment agréable que vous avez vécu, à un moment qui vous fait du bien. Essayez de ressentir toutes ces sensations que vous avez pu ressentir dans ce bon moment. 

Puis, essayez de porter une attention toute particulière à certains éléments que vous voyez autour de vous, à certains sons, à certains éléments que vous pouvez toucher ou encore à ce que vous pouvez sentir et goûter. Prenez le temps de tout décrire, et de tout ressentir.

Comment traiter son émétophobie ?

Une prise en charge précoce permet d’éviter que les symptômes de la peur de vomir s’aggravent ou se diffusent sur d’autres angoisses (phobie sociale, agoraphobie, trouble du comportement alimentaire…). Il est donc important d’y penser, d’oser en parler, et de se traiter aussi tôt que possible. 

Pensez à en parler à une personne de confiance (médecin traitant, psychologue, psychiatre ou tout autre professionnel de santé) qui saura vous aider et vous aiguiller. Il est possible que si votre émétophobie est développée et que vous souffrez alors d’une anorexie liée, on vous propose une hospitalisation. Cela ne vous correspond pas forcément, mais ce trouble est encore trop peu connu pour que tous les professionnels aient conscience de votre réelle souffrance. Parlez-en donc, sans hésiter, avec votre médecin. 

 

Au quotidien

Pensez à ne pas éviter toutes les situations qui peuvent vous être angoissantes. Essayez de continuer à faire certaines activités qui ne vous mettent pas trop à l’aise, sans pour autant générer une anxiété trop importante. Pensez à bien respirer en gardant en tête de porter une attention particulière à votre respiration. Si cela vous rassure, soyez accompagné. 

Dès que vous en avez l’occasion, prenez rendez-vous avec un psychiatre ou un psychologue afin qu’il vous vienne en aide. 

 

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

La Thérapie Cognitivo-Comportementale s’est avérée particulièrement efficace dans le traitement des phobies et en particulier de l’émétophobie. En effet, les thérapies cognitivo-comportementales laissent envisager que la phobie est apparue à la suite d’événements vécus (traumatisants ou non) et qu’il est possible d’éteindre l’anxiété liée à la situation de la même manière. 

Il est vrai que lorsque l’on souffre d’émétophobie, on va éviter les situations. Par exemple, on ne va plus prendre les transports, aller dans des soirées alcoolisées, aller dans des restaurants à buffet, éviter les produits frais etc. Cela semble cohérent, nous n’allons pas nous exposer naturellement à des situations qui sont difficiles pour nous, et qui nous angoissent. Et pourtant, ce comportement renforce l’anxiété face à la situation, puisqu’elle est donc associée à des pensées automatiques négatives comme “Je ne peux pas aller au pot de départ de mon collègue, car l’équipe risque de boire avec excès et l’un d’eux pourra vomir”. La démarche devrait donc être l’inverse : plus on s’expose à une situation, moins celle-ci nous angoisse, puisqu’on s’habitue à celle-ci.

Le but des thérapies cognitivo-comportementales est donc de faire une exposition progressive et graduelle de la situation qui est anxiogène pour vous, pour, petit à petit, éteindre l’intensité et la durée de l’anxiété. Dans le cas de l’émétophobie, vous serez d’abord exposé dans des contextes plus faciles, avant d’arriver à voir quelqu’un vomir dans les toilettes après une soirée arrosée par exemple. A force d’expositions graduelles, vous allez vous habituez à la situation et retrouverez de la sérénité.

De plus, en parallèle de ce travail “physique”, le psychologue spécialisé en TCC travaille avec vous les pensées automatiques que vous avez vis-à-vis de la situation ainsi que sur la gestion de vos émotions.

 

La thérapie par exposition à la réalité virtuelle (TERV)

La thérapie par exposition à la réalité virtuelle fait partie du courant des thérapies cognitivo-cognitives. Les principes et les objectifs sont donc similaires, mais avec une possibilité de s’exposer aux environnements dans un lieu sécure, où le psychologue a la main sur tout l’environnement. En effet, le côté graduel et progressif est facilité et faisable en toutes circonstances : le psychologue fait tous les réglages et choisit l’environnement adapté à votre situation. Il peut, à tout moment, enlever ou rajouter certains stimuli anxiogènes. Le psychologue vous accompagne, pas à pas, et en direct, dans la situation, en vous apportant des stratégies alternatives, des techniques de gestion des émotions, des outils pour comprendre et appréhender vos pensées automatiques. Cette technique va permettre de remplacer les pensées dysfonctionnelles en pensées plus fonctionnelles et d’arriver à surmonter les angoisses liées à la situation.

La réalité virtuelle vous permet de (re)vivre toutes les situations qui sont anxiogènes, qu’elles quelles soient, et où qu’elles soient. Vous pouvez donc comprendre votre anxiété, tout en diminuant son intensité et sa durée, jusqu’à l‘extinction complète de vos attaques de panique en situation ou par anticipation. Vous voyez les résultats progressivement et en avez conscience. Vous reprenez petit à petit confiance en vous, et augmentez votre estime de vous-même dans ces situations. 

L’accès aux situations et contextes anxiogènes est donc facilité, vous voyez des résultats graduels et vous retrouverez une sérénité progressive. Rapidement, la réalité virtuelle va permettre de constater ces résultats. En quelques semaines, vous pourrez vous débarrasser de ces angoisses.

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