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Comment se développe l’ochlophobie ou la peur de foule ?

Prendre les transports en communs aux heures de pointe, vous rendre avec des amis à un concert ou profiter du soleil sur une plage bondée sont pour vous de véritables cauchemars ? Cette peur irrationnelle de la foule se construit selon l’histoire de chaque individu et il est nécessaire d’étudier l’ensemble des mécanismes psychologiques, biologiques, génétiques et affectifs pour bien la comprendre. Définissons l’ochlophobie, la peur de la foule. 

Agoraphobie

La peur: une émotion primaire

Il faut savoir que la peur est une émotion primaire que l’on retrouve dans toutes les cultures. Elle était indispensable à la survie de nos ancêtres car elle leur permettait d’appréhender un danger susceptible de mettre leur vie en péril (animaux prédateurs, obscurité, hauteurs, etc.). Aujourd’hui, l’évolution de notre société nous permet d’être mieux protégé et pérennise notre survie. Pourtant, cette peur subsiste toujours au fond de nous et les comportements de survie réapparaissent quelquefois, pouvant laisser place à de très fortes angoisses et/ou à des évitements de situations.

Selon Seligman (chercheur et professeur en psychologie), l’apparition des phobies s’explique par des facteurs innés. Pour lui, ce serait l’association de stimuli en rapport avec la survie de l’espèce humaine combinés à certaines expériences qui provoquerait un état pré-phobique. Mais la peur peut également s’apprendre des autres. Il suffit parfois de voir une personne réagir de façon craintive pour influencer les représentations psychologiques que nous avons d’une situation ou d’un objet. La réponse ainsi apprise produit un éveil neurophysiologique. Cet apprentissage ne s’opère pas forcément de manière rationnelle ce qui explique qu’un grand nombre de craintes non fondées puissent apparaître.

Les parents, le premier modèle d’imitation pour l’enfant

Au travers de leurs comportements, de leurs discours et mimiques, ils transmettent leur anxiété et une méfiance du monde extérieur à leurs enfants. Si les parents perçoivent le danger partout, s’ils craignent de se retrouver coincés par de nombreuses personnes, ou s’ils ont peur de la foule, ils choisiront systématiquement les solutions d’évitement. L’enfant finira par naturellement copier le modèle comportemental de ses parents alors ils éviteront de se rendre à des concerts, de prendre les transports en communs aux heures de pointe et l’enfant apprendra naturellement à éviter ces situations, sans véritablement savoir pourquoi. L’ochlophobie peut s’apprendre et se transmettre progressivement, au cours des années.

Le modèle « biopsychosocial »

Tout cet ensemble de caractéristiques contribue au développement et au maintien d’une phobie. On parle de modèle « biopsychosocial » puisqu’il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux pour comprendre votre comportement phobique. Cela signifie que votre tempérament est en partie expliqué par des prédispositions biologiques. Les caractéristiques psychologiques peuvent se comprendre au travers du mode éducatif que vous avez reçu de vos parents ou par des événements de vie particulièrement éprouvants que vous avez pu traverser. Enfin les facteurs sociaux permettent d’expliquer la forte hausse d’individus ayant une peur de la foule car la société contribue à faciliter le déplacement des grands groupes de personnes depuis ces 30 dernières années.

Le traumatisme à l’origine de la peur de la foule

L’autre origine que l’on retrouve très souvent dans les cas d’ochlophobie sont les expériences traumatisantes liées à la foule. En effet, si vous avez été agressé au milieu d’une foule d’individus ou que vous avez été humilié par un grand groupe de personnes, il y a alors un fort risque que vous associiez les émotions négatives intenses que vous avez ressenties à ces moments-là aux situations où se retrouvent un nombre très important de gens. L’ochlophobie, dans ce cas, sera  quelque-peu semblable à un état de stress post-traumatique (ESPT) et l’idée plus ou moins conscientisée de revivre une nouvelle fois cette expérience pénible agira en déclencheur d’une anxiété extrêmement élevée accompagnée des symptômes caractéristiques associés (hyperventilation, nausée, tremblements, etc).

Être pris dans un mouvement de foule peut aussi constituer un traumatisme à même d’en faire naître une peur panique. Vous redoutez alors l’oppression et la compression ressenties qui peuvent avoir été fortes ainsi que la menace réelle qui se présente lors de ce genre de phénomène. Toutefois, c’est surtout le sentiment de n’avoir aucun contrôle sur ce qui se passe, d’être complètement vulnérable qui est traumatisant. Les personnes oclophobes s’inquiètent donc avant tout de manière disproportionnée du fait qu’à tout moment, selon elles, la foule peut être prise d’un mouvement imprévisible contre lequel on ne peut lutter et qui mènera indubitablement à des blessures graves voire à leur mort. 

Comme toutes les phobies, la peur de la foule donne lieu à des conduites d’évitement. Vous voulez vous préserver des dangers que représentent pour vous ces situations que vous redoutez et vous faites en sorte de ne jamais vous y retrouver confronté. Cela nécessite donc une organisation importante : il faut penser son quotidien en fonction de ses angoisses, ce qui engendre une charge mentale considérable qui sera de plus en plus conséquente au fil du temps. Cette préoccupation permanente et les empêchements récurrents qu’elle implique tend à affecter sérieusement le bien-être et la qualité de vie des personnes touchées.

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